Compte-rendu des débats du concours de
nouvelles
Mercredi 11 mai 2016
Cette année
encore les débats ont été conduits par Yves Peyré, écrivain et directeur
honoraire de la bibliothèque Sainte-Geneviève. L'ancien président du jury
Frédéric Miquel, IPR-IA de lettres de l'académie de Montpellier, est revenu
pour participer aux délibérations ainsi que Jean Bernard Pouy, créateur du
Poulpe et ancien d'Henri-IV, excusé l'an dernier. Agnès
Desarthe, écrivain et ancienne élève de Fénelon, n'a pu assister aux
débats mais elle a envoyé un commentaire détaillé et un classement des
nouvelles. Jean-François Roseau, écrivain et ancien participant du concours a,
lui aussi, fait parvenir son classement.
Les débats se sont déroulés à la
bibliothèque historique de l'école Estienne.
Le thème de cette année était la clé
que l’on a retrouvé sous toutes ses formes matérielles et symboliques, en clé
USB, en mot clé, en objet sans fonction. Si une clé peut ouvrir un monde, ouvre
« le » monde, n'est rien en elle-même si elle n'est manipulée par celui ou celle qui saura en trouver l'usage. On a retrouvé la clé
conjuguée à tous les genres dans une veine
comique, policière, fantastique, ou de science fiction ou encore comme moment (clé) d'une initiation ou d'un apprentissage de la vie.
Pour l'ensemble
des nouvelles, le jury a été sensible, comme chaque année, à la rigueur de la
construction narrative : argument, début, développement et chute, ainsi qu'à la
maîtrise d'un récit. Si une histoire peut croiser plusieurs voix, plusieurs fils
narratifs, il importe que l'auteur ne donne pas l'impression d'être à la
peine pour les accorder ou d'avoir eu "les yeux plus gros que le
ventre".
Le jury cette
année a loué l'inventivité, la fraîcheur et l'énergie des textes des lycéens.
Les débats ont été plus longs pour ces derniers puisque cinq textes sur six ont
rassemblés suffisamment de voix pour faire partie du dernier vote. Le premier
prix a été décerné à La clé
d'Ibrahim de Marianne Mignot Ogliastri à la quasi unanimité (9 voix sur 10).
Dans une veine
réaliste, cette nouvelle raconte le destin d'un enfant des rues de Dakar qui apprend
à lire grâce à un adulte qui l'initie aux livres et dont le destin n'est pas
encore totalement assuré. La chute de la nouvelle ne tranche pas définitivement
le sort de l'enfant, sauvé ou non?
Le jury a aimé le sens de l'observation, l'absence de
psychologisme, le sens des dialogues, l'absence de clichés d’un texte qui sonne
juste sans pathos surajouté, bref qui échappe aux pièges de ce genre d'exercice
parce qu'il témoigne probablement d'une connaissance authentique de cet univers
et d'une vraie empathie, ce en quoi il ne s'est pas trompé.
Les avis ont été un peu plus partagés pour la deuxième place mais 7 voix se sont finalement portées sur Le mot-clé d'Elias Cohen qui a laissé cinq membres du jury bluffés par la maîtrise de son sujet et ses jeux de langue. Là encore ils ont vu juste en imaginant un auteur probablement jeune dont la démarche leur a semblé authentique, le fait d'un "d'Artagnan" de la nouvelle toujours en mouvement, sur la brèche, pour trouver « le » mot-clé qui de Kaputt à La Peau rende compte des « cent vies » de l’écrivain Malaparte?
Il faut insister
sur le fait que cette année, les deux prix dans la catégorie lycée ont été attribués à des élèves de
seconde et rappeler
aux élèves que les nouvelles du secondaire sont traitées à part, selon un mode
de sélection propre. Il n'y a donc aucune interférence entre les prix décernés
aux élèves du secondaire et des CPGE.
En ce qui
concerne les nouvelles des Prépas, le texte d’abord intitulé "Sans titre" par défaut l’a retrouvé après les
délibérations. Mon ami Pierrot de Juliette Hautbois, donc narre les tribulations de Saint
Pierre qui ayant perdu non le paradis mais sa clé se démène pour la retrouver
avant minuit. Cette clé-là a fait l’objet d'un vote unanime pour la première
place. Les membres du jury ont apprécié les jeux d’écriture, les changements de
registre ainsi que la liberté de ton de cette nouvelle à l’humour rabelaisien, tintée
parfois de "crypto San Antonio" et même d’un ton Zazie à la
mode Queneau.
Le second
prix a été attribué à un texte de science fiction,La
667ème conférence sur les VET de Juliette Langlais, à l'humour distancié
qui narre des débats universitaires sur les hypothèses scientifiques concernant les
VET (Vestiges Etranges de la Terre) en l'an 10215 où l'on a perdu
depuis longtemps toute notion de l’utilité d’objets comme des chewing-gums, un
trombone tordu, un stylo cassé ou une clé...La clé
est-elle un outil de bricolage ou un objet inutile, de dévotion comme le
suggère son trou qui permet de la porter saintement en sautoir ?
Les textes des lauréats sont sur les blogs des CDI des 3 lycées ainsi que ceux des lauréats du concours interne.
Les textes des lauréats sont sur les blogs des CDI des 3 lycées ainsi que ceux des lauréats du concours interne.
Mon ami Pierrot 1er prix CPGE
http://cdi-lycee-henri4.blogspot.fr/p/2016-mon-ami-pierrot.html
La 667ème conférence sur les VET 2ème prix CPGE http://feneloncdi.blogspot.fr/p/la-667eme-conference-des.html
La Clé d'Ibrahim 1er prix Lycée
http://feneloncdi.blogspot.fr/p/la-cle-dibrahim-je-me-sens-impatient.html
Le mot-clé 2ème prix Lycée
http://cdillg.blogspot.fr/p/lemot-cle.html
Jean-Bernard Pouy présente la nouvelle d'Elias Cohen (au centre) ; en arrière-plan les quatre proviseurs : Mme Ruescas (Estienne), M. Courtiaud (Fénelon), M. Bastianelli (Llg), M. Corre (H4)
M. Frédéric Miquel présente la nouvelle de Juliette Langlais (au centre)
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